Chansons
Sonneneu ha gwerzenneu

Chansons chantées par Loeiz HERRIEUGwerzenneu ha soñneneu

 

Chansons chantées par Loeiz HERRIEU - CD Audio. Enregistrées en janvier 1910 sur rouleau de cire chez Pathé Frères.

Chansons vannetaises par la chorale Karen Sonenneu Bro-Gwened get ar c'hanadeg Karen

 

 

Duo Gaëlle-Anna ; Karen au piano : Sonenneu Bro-Gwened


Recueils de mélodies

Avertissement

Les douze mélodies que je présente ici à mes lecteurs sont tirées de la collection Les Voix du Pays en cours de publication dans la revue bretonne Kloc'hdi Breiz (Le Clocher breton). Grâce au concours de mon excellent ami M. René Saïb, directeur de cette revue, je suis arrivé à sauver ainsi de l'oubli une magnifique gerbe de mélodies bretonnes, souvent très remarquables au point de vue musical.

Malheureusement il n'en est pas de même des textes qui, presque toujours, sont ou tronqués ou modifiés. Aidé par M, l'abbé Le Goff, le distingué grammairien breton - que je ne saurais trop remercier pour son aimable concours - j'ai essayé de retoucher quelques unes de ces chansons; mais certaines d'entre elles manquaient absolument de sens et à mon vif regret je me suis vu dans l'obligation de les écarter pour les remplacer par des compositions nouvelles. Pour éviter toute confusion j'ai signé celles-ci de mes initiales.

0n pourrait aussi regretter que toutes les chansons données ici sont des chansons d'amour. Il n'en existe plus guère d'autres dans le Bas-Vannetais. A peine si j'ai rencontré trois ou quatre chansons historiques sur toutes celles que j'ai recueillies. Le peuple breton, hélas! a oublié son histoire et par suite il ne prend plus plaisir à chanter les admirables exploits de ses ancêtres. Quelque peu désorienté, c'est aux mélancoliques sones, composées autrefois par ses «kloéreg», qu'il demande aujourd'hui de bercer son âme, avide d'idéal et de poésie.

Puisse-t-il cependant ne pas trop se complaire dans ces douces et intimes rêveries et songer qu'il est temps de reprendre conscience de la valeur historique de sa race et de se préparer à l'action féconde, gage du triomphe dans l'avenir.


Quant aux traductions, je les donne aussi littérales que possible.

En terminant ce court avertissement, je crois faire plaisir à nos lecteurs en plaçant ici les quelques lignes que René Saïb écrivit pour la première édition des Voix du Pays :
Ce sera notre avant-propos.

«Ces chansons, paroles et musique, sont, croyons nous, entièrement inédites. Elles ont été recueillies par notre collaborateur Loeiz Herrieu à la grande source populaire de la terre bretonne; ce sont celles que l'on entend aux retours de pardons, aux veillées des fermes, et que les laboureurs chantent ou sifflent dans les champs et dans les sentiers des landes, pour bercer aux heures de repos, leurs vagues songeries, pour éteindre aux heures de travail, la plainte de leurs corps fatigués.
Herrieu en a appris les airs avec une scrupuleuse exactitude; je les ai notés ensuite, à l'entendre, avec non moins de scrupule pour les plus petits détails du rythme, du mouvement ou de l'intonation.

Si j'ai toujours, en la notation musicale, suivi exactement la version que me chantait M. Herrieu, n'en rectifiant, très rarement d'ailleurs, un détail de rythme que lorsqu'il y avait faute absolument évidente et déviation indiscutablement certaine du texte musical primitif, nous n'avons pas cru devoir observer le même rigoureux respect vis à vis des textes littéraires.
Car nous avons voulu nous tenir également à l'écart d'une publication folkloriste ou documentaire qui phonographie simplement et note ce qu'elle entend tel qu'elle l'entend, et d'une publication fantaisiste qui, sous prétexte d'embellir, ou pour toute autre raison, se permettrait de ne considérer l'oeuvre recueillie que comme un thème sur lequel il serait à loisir permis de broder.
Nous avons voulu cueillir les fleurs mélodiques bretonnes telles qu'elles se présentent, telles qu'elles fleuirissent sur notre sol, mais, parfois, nous avons cru pouvoir, lorsqu'elles fleurissaient sur quelque poème insignifiant ou vulgaire, améliorer ce poème ou, à la rigueur, le remplacer. Il est assurément très bon de collectionner et de classer respectueusement tous les débris de l'ancien art breton, et ce travail, déjà bien avancé, est encore à poursuivre. Mais il ne convient pas à notre avis, de se laisser fasciner pas les reliques. Il ne suffit pas de les sauver de l'oubli; il faut les ranimer, les revivifier, et préparer l'éclosion d'un art nouveau, dans les traditions de l'art ancien. Ce qu'il faut dégager, ce sont les principes de cet art, et de telle manière que ces principes puissent servir à la formation d'oeuvres nouvelles, fortement imprégnées du génie national. Car l'art, comme tout le reste, ne peut rester immobile. La vie, c'est le mouvement, c'est la marche en avant vers l'idéal jamais atteint, et si, à la période où nous sommes, au point de vue breton il ne faut avancer qu'avec prudence, il n'en est pas moins vrai qu'il faut avancer tout de même et laisser libres les initiatives dans la direction tracée depuis des siècles par le sentiment national. Voilà comment nous nous libérerons du reproche parfois justifié que nous font certains de nous complaire dans le passé mort et de mourir nous mêmes de nos rêveries sans vigueur. Non, nous ne mourons pas, nous étudions; nous nous penchons sur les sources oubliées, mais, à mesure qu'elles sont reconnues il importe de leur ouvrir des voies nouvelles par où leur eau limpide et claire coulera vers l'avenir. Ce n'est pas la Bretagne d'il » a mille ans que nous tentons de ressusciter; c'est la Bretagne des temps futurs que nous préparons; mais Bretagne d'hier, Bretagne d'aujourd'hui et Bretagne de demain , c'est toujours la même Bretagne, vieille par les ans écoulés et jeune par les ans à venir.
En ce domaine modeste et restreint de la publication commencée aujourd'hui, nous avons toujours eu en vue cette idée fondamentale. Voilà pourquoi nous avons tâché de faire en sorte que les chansons que nous publions, et qui étaient chantées sans doute il y a des siècles déjà, puissent encore se chanter aujourd'hui et se chanter demain; nous avons cru bien faire, en effaçant ça et là quelques rides. Ces Voix du Pays ne sont pas des voix éteintes; nous voudrions qu'elles aient encore la vigueur de la jeunesse, et que leur charme ne soit pas un charme exclusivement vieillot. Nous voudrions que les jeunes gens , comme les vieillards , les apprécient et peut-être tenons nous même plus à ce qu'elles plaisent aux jeunes qu' aux vieux.
Encore une fois, cependant, nous avons conservé intacte la musique de ces chansons, car c'est là surtout à notre avis que se tient l'intérêt de cette publication. L'art musical breton tombe en ce moment dans l'oubli; il faut le rappeler aux générations présentes, pour tâcher de susciter chez elles quelque maître génial qui saura faire vibrer à nouveau la corde rouillée de la harpe de Merlin. Apprenez donc ces airs, jeunes Bretons qui ne désespérez point de l'avenir de notre patrie, apprenez-les et répandez-les autour de vous. Vous verrez qu'on s'habituera à les entendre, vous verrez qu'on saura les comprendre, plus tôt peut être que vous le pensez, vous verrez qu'on y reconnaîtra un jour ou l'autre la claire et pure inspiration celtique, qui, si vous le voulez, n'a pas dit sou dernier mot».

Loeiz Herrieu, Barde.

Recueil de Mélodies Bretonnes
Recueillies dans la campagne par MM. Guillerm et Herrieu; A.David, éditeur à Quimper (Finistère) 16, rue du Parc

Guerzenneu ha sonnenneu Bro-Guéned
Chansons populaires du pays de Vannes recueillies et publiées par Loeiz Herrieu; Airs notés et introduction par Maurice Duhamel . Editions Eromi. 2, rue Paul Bert. 56100 Lorient

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